Rikako Admin
Messages : 195 Date d'inscription : 01/03/2012 Age : 31 Localisation : Séoul~ (du moins dans ma tête xD)
| Sujet: Nagasaki (Eric Faye) Jeu 31 Mai - 11:15 | |
| Nagasaki
Auteur : Eric Faye Année : 2010 Pays : France Genre : Nouvelle, Faits réels Résumé :Shimura Kōbō est un météorologue quinquagénaire mais célibataire et solitaire, vivant dans la banlieue de Nagasaki. Cela fait quelques jours qu'il remarque des objets qui ne sont plus à leur place, des aliments semblent disparaître dans le frigo. Hallucinations ? Peut-être. Il finira par acheter un ordinateur et une webcam afin de contrôler sa cuisine depuis son travail. Il ne voit rien d'anormal... Du moins, jusqu'à ce que quelqu'un apparaisse soudainement et la vérité éclate au grand jour : une femme vivait clandestinement chez lui depuis un an... Extrait :- Spoiler:
Ce jour-là, parce que je me sentais un brin fiévreux, je suis rentré plus tôt que d'ordinaire. Il ne devait pas être dix-sept heures quand le tram m'a déposé dans ma rue, un sac de provisions à chaque bras. Il est rare que je me retrouve si tôt chez moi pendant la semaine, aussi ai-je eu l'impression d'y entrer par effraction. Effraction est sans doute un bien grand mot, et cependant... Jusqu'à un temps assez récent, je ne fermais pas souvent à clé lorsque je m'absentais ; notre quartier est sûr et plusieurs vieilles dames du voisinage (Mmes Ōta, Abe et d'autres un peu plus loin) passent le plus clair de leurs journées chez elles. C'est commode, les jours où je suis chargé, d'avoir laissé ouvert : en descendant du tramway je n'ai que quelques mètres à faire, puis je pousse la porte coulissante et me voilà à l'intérieur. Le temps de retirer mes chaussures et d'enfiler des chaussons et je range les victuailles dans les placards de la cuisine. Ensuite, je m'assois et je souffle, mais aujourd'hui, je n'ai pas eu ce luxe : à la vue du frigo, mes inquiétudes de la veille se sont réveillées en sursaut. Tout m'a pourtant paru normal, lorsque je l'ai ouvert. Chaque chose était à sa place, c'est-à-dire à la place occupée au matin, à mon départ. Les légumes vinaigrés, le tofu en cubes, les anguilles pour le dîner. J'ai inspecté avec soin chaque clayette en verre. Sauce au soja et radis, laminaires séchées et pâte de haricots rouges, poulpe cru dans un Tupperware. Sur l'étagère du bas, les petits paquets triangulaires de riz aux algues étaient bien au nombre de quatre. Et les deux aubergines étaient là. Je me suis senti allégé d'un poids, d'autant plus que la règle, j'en étais certain, allait elle aussi me rassurer. C'est une règle en acier inoxydable d'une longueur de quarante centimètres. Sur un côté non gradué, j'ai collé une bandelette de papier blanc, puis j'ai plongé l'instrument dans une brique de jus de fruits multivitaminé (A, C & E) entamée le matin même. J'ai attendu quelques secondes, le temps que ma sonde s'imprègne du liquide, puis l'ai retirée lentement. Je n'osais pas regarder. Huit centimètres, ai-je lu. Il ne restait que huit centimètres de boisson, contre quinze à mon départ... Quelqu'un s'était servi. Or je vis seul. Avis personnel :Tout d'abord, je tenais à dire que, bien que ça soit un livre français, je trouvais intéressant de faire une fiche sur ce livre. En effet, comme vous l'aurez remarqué en lisant le résumé, l'histoire se passe entièrement au Japon. Tiré d'un fait réel relaté par de nombreux journaux japonais en mai 2008, j'ai trouvé ce roman -vu la longueur, je le jugerai plus de "nouvelle" mais je me fie à l'éditeur...- agréable à lire. Il ne prend que quelques heures à parcourir puisqu'il fait moins de 100 pages. Cependant, je reste perplexe quant au dernier chapitre : je ne pense pas qu'il était nécessaire. De plus, ce dernier chapitre comporte en quelque sorte la lettre de la clandestine qui, selon le narrateur, n'avait aucun goût pour l'écriture. Pourtant dans cette soi-disant lettre, le style est bien trop littéraire, voire philosophique par moment, pour quelqu'un qui n'aime pas écrire... Enfin, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une fiction et que, même tiré de faits réels, je pense qu'il est peu probable que tout ce soit réellement passé comme décrit dans le livre. | |
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